Conclusion

PEI offre ainsi le moyen de générer du code à parallélisme de données à un haut niveau d'abstraction. Cependant, PEI ne satisfait pas encore pleinement aux exigences qu'on est en droit d'attendre de ce type de langage. Tout d'abord il n'atteint pas le niveau d'abstraction d'un formalisme entièrement fondé sur le l-calcul, qui étendrait les données aux fonctions, et permettrait d'aboutir à un véritable Lisp parallèle. PEI fait le choix pragmatique de se limiter à opérer sur des champs de données et l'implémentation devient possible, concrètement.

Ceci ne signifie pas que l'implémentation du formalisme PEI soit simple, bien au contraire : de fait, il n'existe pas d'outil de transformations de programmes automatique ; c'est à l'utilisateur de définir et appliquer ses stratégies de transformations, en espérant ainsi optimiser ses programmes. Il doit donc avoir une suffisamment bonne connaissance de sa machine et du langage pour déterminer les opérations qu'il a intérêt à privilégier. La phase de transformation effectuée, il reste à convertir l'énoncé PEI en un programme à parallélisme de données. Là encore la traduction en HPF est possible, mais des contraintes fortes doivent être prises en compte. Tous les énoncés PEI ne sont pas traduisibles et il faut, de la part de l'utilisateur, tout un nouveau travail de transformation !

Malgré ces limites, PEI apporte énormément au data-parallélisme :

• sa sémantique est parfaitement définie, ce qui rend explicite les perspectives et les contraintes de tels formalismes.
• de nombreux outils existent pour aider l'utilisateur : Visual PEI est un prototype d'interface graphique qui permet de visualiser le placement des données au fur et à mesure de l'écriture d'un énoncé PEI ; deux outils sont d'ores et déjà opérationnels pour aider à la traduction vers HPF : normhpf assure la transformation syntaxique des programmes avant la traduction, en introduisant entre autre des champs de données intermédiaires, et ord en réalise l'ordonnancement.
• certains types de programmes (multiplications matrice-matrice, matrice-vecteur,…) se font très bien en PEI et leur conversion en HPF ne pose guère de difficultés.

De par les premiers résultats obtenus et la détermination explicite des contraintes, de nombreuses perspectives s'offrent à PEI : construction de stratégies de transformations préétablies, développement de l'outil VPEI, optimisation des traductions des opérations PEI en directives HPF, meilleure exploitation des possibilités propres à HPF dans la phase de traduction. L'équipe strasbourgeoise qui travaille sur ces aspects envisage d'ores et déjà un véritable environnement de programmation centré sur les énoncés PEI qui intègre les modules de transformation, de conception graphique VPEI, d'interprétation fonctionnelle, et de traductions (vers HPF, Latec et Caml).